
T’as choisi ce qui t’arrives. Vraiment ?
Envie de revenir sur un point que l’on entend de plus en plus dans le milieu spirituel. Selon certains courants, l’âme aurait choisi tout ce qui lui arrive. Ce serait pour grandir, revenir en amour, se rapprocher du Divin. Nous serions donc créateurs de chaque épreuve et nous aurions choisi chaque traumatisme.
Et c’est une croyance de plus en plus adoptée, et de plus en plus entendue. Je ne dis pas ici que c’est vrai ou pas. Ce que j’ai envie de questionner, c’est : comment on se sent ? Comment on se sent quand quelqu’un nous dit « en même temps t’as choisi hein » ou « ah bah toi je sais pas ce que t’as choisi de traverser, mais… ».
Mais quoi ? Et non, tu n’as pas la moindre idée de ce que j’ai choisi de traverser dans mon inconscient puisque je n’en ai pas la moindre idée moi-même.
Alors que cela soit vrai ou pas dans les mondes dits « supérieurs », puisque l’âme n’aurait aucune notion du bien et du mal, je voudrais qu’on s’arrête ici quelques minutes.
En tant qu’humains incarnés nous sommes à peine en train de découvrir notre corps. Il y a à peine quelques années que nous découvrons les fascias et aujourd’hui on entend partout parler du système nerveux et de son impact sur notre psyché et notre relation au monde.
Nous commençons à peine à mettre en lien la science et l’invisible et balbutions dans nos explorations de la connaissance de la planète sur laquelle on vit et de son intelligence infinie. Tout en naviguant dans un monde dit « spirituel » qui s’apparente parfois à un parc d’attraction où chacun peut poser les vérités qu’il souhaite. Et des vérités, il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup. Tout le monde est devenu médium et nous cherchons à être un super humain spirituel super connecté, et surtout super élevé.
Bref, tout ça pour dire qu’on se permet de poser des vérités sur le chemin de l’âme et de l’être en étant loin de se connaître soi-même. Alors comprendre tout le fonctionnement de l’univers dans son langage subtil ? Je pense que nous en sommes très loin. Je ne dis pas que rien n’est vrai. Mais je voudrais inviter à une vigilance fondamentale dans un monde de sachant. Parce que bien sûr on peut avoir accès à des champs d’information, mais ça n’est pas pour ça que nous « savons » TOUT.
Donc, dire à quelqu’un qui vient de traverser un épisode douloureux, ou est en plein dedans, ou est en exploration de traumatismes d’enfance : « bah de toute façon tu as choisi » n’est en aucun cas bienveillant. C’est comme un joli chocolat enrobé, mais à l’intérieur ça n’a pas bon goût. L’enrobage a une couleur de compassion et d’amour universel. Mais l’intérieur est un peu rance et amer.
De mon côté, quand j’entends ça, pour moi ou des proches, ça me fait sentir de la colère, beaucoup de colère. Parce que j’entends une porte qui se claque et qui dit « débrouille-toi avec ta souffrance, c’est ta responsabilité ». Et ça ouvre une autre porte pour une avalanche de phrases toutes faites et de négation de l’être telles que « tu ne vibres pas », « tu es chargé-e », les histoires de karma, « le Divin veut que tu apprennes ta leçon » et toute une liste sur laquelle je reviendrai plus tard.
Et la liste est longue.
Ce sont des phrases toxiques, qui n’aident pas à passer la souffrance mais enfoncent le clou là où ça fait déjà mal, et amènent une solitude supplémentaire là où il y a besoin de soutien.
Le danger est qu’en suivant des courants dits « spirituels », nous adoptons des croyances toute faites qui se répandent comme un feu de forêt. Et puisque tout le monde le dit, il doit y avoir une part de vérité.
D’où l’importance de se connecter à son sentir. Il n’y aura peut-être pas de révélation divine supra cosmique, mais au moins un espace d’humanité dans lequel nos proches savent qu’ils peuvent compter sur nous, qu’ils ont une épaule pour pleurer, se déposer et parler de ce qu’ils traversent. On s’en fout un peu en fait si l’âme a choisi ou pas. Personne ne peut savoir ça avec certitude. Mais un coeur sait quand il est soutenu dans un moment difficile.
Et je ne connais personne que cette phrase a réconforté…
Donc, quand on peut, si on peut, soyons vigilant-e-s aux raccourcis dangereux et remettons du bon sens sur les mots que nous offrons aux autres, en écoutant de quels espaces intérieurs ils viennent.
Suite à venir…


2 commentaires
Burgos françoise
Bonjour Marlene
Je suis entièrement d’accord avec toi, pour m’être dit moi-même cette phrase qui nous plombe de responsabilité.Et il y a maintenant une dizaine d’années que je suis brassée comme dans une machine à laver d’évènements douloureux qui se succèdent et je cherche le sens de tout cela, en particulier est ce que c’est moi qui attire tout cela, et pourquoi??
Et effectivement le soutien est ailleurs, dans le coeur des amis et famille qui sont présents vraiment
A très vite Marlene et MERCIIIII
Magie Nomade
Merci Françoise de ton retour. Et oui, parfois ces phrases nous font plus de mal que de bien. Nous pouvons sentir ce qui résonne pour nous mais il y a encore du chemin avant de comprendre les vérités de l’âme! Puis surtout, nous sommes vivants et donc pour moi en co-création avec tout ce vivant qui nous entoure.