
Rencontre inattendue avec un arbre écossais
Nomade depuis quelques semaines, j’ai commencé par les Cornouailles. Ensuite, direction la Bretagne en ferry. Arrivée à Roscoff, je rejoignais un ami à Morlaix pour partir à Brest, visiter la belle forêt de Huelgoat pour continuer sur l’île aux Moines près de Vannes. La route s’est poursuivie vers Guérande puis Plougasnou (près de Morlaix, oui je sais j’y suis déjà passé…) et enfin arriver sur Rennes. J’ai rallié Paris afin de prendre un bus pour Londres, retrouver un ami le temps d’une après-midi et reprendre la route (soit un bus de 8h) vers Edimbourg. Où j’arrive en pleine forme donc…
Arrivée en Ecosse
Ca y est, enfin, j’arrivais en Ecosse… Je m’étais sentie appelée par l’énergie du Loch Ness, par les grandes plaines écossaises, par ses paysages sauvages. Et je m’en approchais. Après quelques jours à Edimbourg, sous une pluie fine et un ciel gris, direction Saint Andrews, pour aller faire mon premier workaway. La personne m’avait contactée car elle rénovait une petite maison et voulait une touche artistique. J’avais mis sur mon profil quelques une mes créations artisanales. Le propriétaire voulait des mobiles en bois flotté et un regard artistique dans sa maison dont il était, selon lui, dépourvu. C’est ainsi qu’une heure après mon arrivée je peignais un tour de fenêtre avec de la peinture glycéro dans la chambre où nous devions dormir avec une autre volontaire.
Bizarrement, je refusais de dormir dans cette chambre tant que la peinture n’était pas sèche et l’odeur complètement disparue. J’appris également que mon hôte était un chasseur émérite depuis environ trente ans et que quelques mois avant d’emménager ici il avait vécu plusieurs années dans une maison juste à côté. Le nom de la maison : « Devil House ». Et en effet, pour l’avoir vue, elle portait bien son nom puisque sur le toit de la maison était installée une gargouille plutôt repoussante. Pour couronner le tout, je ne comprenais pas un seul mot de ce que disait mon logeur, accent écossais oblige. Et c’est donc l’autre volontaire qui me faisait la traduction.
Un pigeon, deux pigeons, trois…
Au bout du troisième soir, un ami chasseur du maître des lieux nous ramena 3 pigeons morts pour le repas du soir. J’étais partagée entre fou-rire et désespoir. Sans être végétarienne, je n’étais pas non plus très portée sur la viande, et j’avoue que pour les pigeons, c’était une grande première. Est-ce que je dois préciser que j’ai fait une prière intérieure avant de le manger ?
Bref, je levais la tête vers le ciel, vers mes guides, en me demandant si ils s’étaient trompé, si j’avais à ce point mal compris les infos qui m’étaient données ou si quelque chose m’échappait complètement… Chaque jour nous faisions de la peinture, ménage, balade pour récolter du bois flotté.
Un jour, je me laissais guider vers un coin du terrain un peu caché et là, émerveillée, je me retrouvais au pied d’un arbre immense et magnifique. Foule d’émotions positives, expansion des corps, sourire jusqu’aux oreilles.
Un hêtre guérisseur
Il est gigantesque, tout simplement. Et puissant. Je demande l’autorisation d’aller sous ses branches et c’est comme une grande porte qui s’ouvre pour rentrer dans un espace sacré. Il y a pleins de branches mortes au sol, et de suite, j’ai l’image de déblayer cet espace et de mettre les branches en cercle. Je commence dès le lendemain, avec l’accord de mon hôte. Je me sens dans une belle énergie avec la sensation que ça ne me demande aucun effort, même les branches un peu lourdes. Une puissante onde de douceur féminine me traverse à plusieurs reprises. Des chants tout doux viennent pendant que je fais ce travail. Je suis ravie.
Liens de femmes
Maintenant je circule tout autour de l’arbre. Je m’assois et prend un temps pour rentrer en contact avec lui, elle ? Des pierres sont posées là, recouvertes de mousse. J’imagine facilement des petits lutins écossais posés là, me regardant m’agiter.
A nouveau je sens cette onde me traverser et je me retrouve profondément en lien avec mon utérus. Instantanément je retrouve mon espace de création, ma vibration féminine, la Terre Mère et toutes les femmes qui ont vécu avant moi. Le lien aux mères, grands-mères et soeurs. Mon dos se redresse, mon corps s’ancre en douceur et mes épaules s’ouvrent. Bonheur et confiance. Et comme un gong, le mot soin résonne en moi. Quoi, l’arbre veut un soin ? Non, ce n’est pas ça. Un soin pour moi ? Non plus… Proposer des soins ici à des femmes en France ? Oui ! J’ai des frissons partout. C’est ça. Ça me touche, je sens que ça va être une belle expérience.
Je continue ma journée et le soir le propriétaire me dit qu’il a été voir ce que j’ai fait autour de l’arbre, et qu’il est vraiment content. Du coup, moi aussi. Le soir j’y retourne, je médite et dépose mes pierres dans un espace creux au pied de l’arbre pour la nuit.
Je suis un peu saisie du contraste entre l’énergie de la maison et l’espace de l’arbre. Mais j’aime bien ce lieu. La maison est belle et on sent une réelle envie de rendre cet espace accueillant et joli. De loin on voit la mer et de magnifiques couchers de soleil. Il y a un immense potager, et la terre est noire. Elle est riche et c’est un vrai bonheur de plonger les mains dedans.
Le cadeau du matin
Le lendemain je file vers « mon » arbre pour lui dire bonjour et étirer mon corps dans ce cocon de douceur (auprès de mon arbre…). Et là, surprise: de la sève a coulé au-dessus de l’espace où j’ai mis mes pierres. Je suis toute émue, je cours chercher mon appareil photo et je dis merci merci merci.
Cette sève me fait penser à un bijou de cristal déposé là, en douceur.
Je m’assois sur une branche posée juste en face de cet espace intime de l’arbre, là où j’ai mis mes pierres. je goûte vraiment cet instant de paix, et les yeux fermés je vois des symboles se dessiner autour de cette entrée dans le tronc. Je reviens plus tard avec mes tubes de peinture et je laisse ma main dessiner des formes. L’énergie de l’arbre s’expanse, ça vibre partout en moi, des courants de joie me traversent. Le vent s’invite dans la partition et je l’écoute jouer dans les feuilles.
L’énergie des soins est prête. Les 5 femmes aussi. Je décide d’enregistrer une préparation générale qu’elles pourront chacune écouter avant le soin individuel. Bien sûr je m’installe à mon nouveau bureau de campagne, sur ma pierre. J’enclenche le dictaphone, et là, une guêpe se met à me tourner autour avec insistance. Je lui demande de s’en aller, fais un geste de la main, mais rien à faire chaque fois que je dis trois mots au dictaphone elle revient. Puis je dis tout haut « mais quoi il y a quelque chose que je n’ai pas compris ? ». je suis debout, la guêpe s’en va et au moment de me rasseoir je vois quelque chose qui dépasse du sol :
Je reste bouche bée. Un cadenas ouvert pour travailler sur l’énergie féminine me paraît un symbole magnifique pour toutes les femmes du monde. Merci merci merci.
Les vaches normandes
Je ne permettrai pas bien sûr de raconter les soins vécus sur place, si ce n’est cet épisode :
Une de mes amies s’était sentie appelée pour travailler avec le hêtre. Nous nous mettons donc en réception et de suite des chants puissants viennent me traverser. Moi, les yeux fermés, abritée sous ma cape de pluie (vive l’Ecosse) et état de canal. Tout à coup j’entends un bruit assourdissant, je tourne la tête, et je vois dans le champ d’à côté une dizaine de vaches qui arrivent en galopant vers moi.
Mon cerveau switche dans le présent très rapidement : je regarde l’état de la clôture et me dit que si je les ai énervées, le petit bout de barbelé ne va pas servir à grand chose. J’avoue que je ne suis pas très rassurée, mais elle s’arrêtent juste devant et me regardent. Longtemps. Puis au bout de quelques minutes, certaines retournent dans le champ. Les autres restent là, curieuses. C’est alors que mon amie me fait remarquer qu’elle est normande. « Ca doit être mes ancêtres ! » me dit-elle. Alors au milieu d’un énorme fou-rire, on remercie l’esprit des vaches…
On the road again
Quelques jours après cette expérience me voilà de nouveau sur la route. Je suis remplie de gratitude pour ce moment passé là-bas. J’ai appris à apprécier mon hôte, la connaissance qu’il a de ses terres, sa passion pour la faune et la flore, et son goût pour la déco! Nous avons visité d’anciens sites celtes, fait des mobiles en bois flottés, et même cuisiné pas mal de repas sans viande avec l’autre volontaire. Sur la fin du séjour, j’arrive à comprendre 3 mots sur 6 de son accent écossais. Well done…
Je me suis aperçue aussi qu’il a entièrement respecté le travail que je faisais sous l’arbre, sans me poser des questions et à aucun moment je ne suis sentie jugée. C’était fou de faire des soins autour de l’utérus avec en contraste un énergie masculine plutôt… bourrue. Mais pour moi c’était apprendre une fois de plus à regarder un peu mieux derrière les premières apparences, accepter les contrastes, contradictions de l’être humain.
Merci, merci, merci!

